Pour diagnostiquer un trouble alimentaire, il faut avoir recours le plus souvent au système de classification DSM. Il répertorie tous les critères permettant d’établir de façon formelle l’existence d’un trouble alimentaire chez une personne.
Les problèmes d’alimentation que rencontrent certaines personnes peuvent se manifester à divers niveaux et sous diverses formes : quantité ingurgitée, sélectivité accrue (couleur, texture…), propension à manger peu ou encore l’instauration de rituels fixes.
Les personnes avec autisme sont plus exposées aux problèmes d’alimentation que le reste de la population.
- Une modulation sensorielle inadéquate
La perception des stimuli créés par l’action de manger peut être différente. Ce qui entraine alors des réactions différentes selon que la personne ne « filtre » pas assez ou trop. Ainsi certaines personnes ne ressentent pas la satiété. D’autres personnes seront très sélectives et privilégieront des aliments neutres. (hypersensibilité) Enfin l’hyposensibilité aura par exemple pour manifestation l’ingurgitation de toutes sortes d’aliments, même non comestibles, ou bien encore de trop grandes bouchées.
- Les difficultés de communication
Les troubles de la communication propres à l’autisme vont également empêcher certaines personnes d’appréhender correctement le temps du repas. D’ailleurs, la fatigue, le stress peuvent accentuer un trouble de la modulation sensorielle.
- Les praxies bucco-faciales
Les praxies bucco-faciales sont des mouvements coordonnés de la bouche, des lèvres et de la langue dans un but précis. Chez certaines personnes, la motricité de la bouche, de la langue et des muscles faciaux sont affectés. Il est donc aisé d’en déduire les difficultés que ces personnes rencontreront lors du repas.
De mauvaises expériences passées peuvent avoir marqué la personne (nausées, vomissements…) et provoquer alors une panique, une anxiété à l’idée de gouter quelque chose de nouveau.
- Une rigidité (rituels fixes)
« Mon fils Elio, 12 ans, autiste Asperger, ne mange pratiquement que de la semoule sans rien d’autre. » Nombre de témoignages de personnes autistes ou de parents nous font part de la difficulté de varier les aliments. Il est important d’élargir le "répertoire gastronomique" au risque que la personne subisse des carences nutritionnelles.
L’oralité regroupe toutes les activités liées à la sphère buccofaciale. Il est nécessaire de bien se développer physiquement et psychologiquement pour pouvoir bien manger. Des exercices de praxies bucco-faciales existent qui peuvent améliorer la mastication, la déglutition etc.
- Diminuer les stimulations sensorielles
Au niveau visuel, il peut être nécessaire de baisser la lumière, masquer les reflets des néons (très souvent présents dans les institutions) ou de réduire les déplacements autour de la personne qui s’alimente.
Au niveau auditif, les bruits de conversation, de vaisselle, de chaise ou de cuisine peuvent être dérangeants.
Parfois, la personne pourra adopter des postures étranges, ou aura du mal à rester assise. Privilégier des couleurs unies pour la vaisselle et autres ustensiles, une assiette à compartiments aidera les hypersensoriels dans le sens où la structure visuelle du plat sera facilitée.
- Permettre une communication expressive
Le repas peut représenter un moment de stress aussi, il est nécessaire que la personne qui s’alimente soit suffisamment outillée pour exprimer un besoin ou faire une demande. Par ailleurs, la structuration du temps lors du repas peut contribuer à améliorer la compréhension que la personne a de ce moment. (sens, durée, lieu…) L'idée d'un menu visuel pour les penseurs visuels aidera la personne à se repérer lors de son repas.
- Tenter une diversification PROGRESSIVE
La pensée autistique implique beaucoup moins le contexte dans sa façon d’accorder une signification au monde qui l’entoure. De ce fait la compréhension de l’environnement se fait sur la base d’associations fixes. Varier les aliments et leurs formes autant que faire se peut participera à clarifier le contexte en instaurant ainsi un climat de sécurité et de confiance. Les aliments peuvent différer en goût, en parfum ou en consistance… mais ils sont tous mangeables ! Faire participer la personne à l’élaboration d'un plat peut être un bon canal de diversification. De plus c’est un bon moyen de partager un moment de joie.
Les informations contenues dans ce document sont données à titre de simples conseils et ne représentent en aucun cas une liste formelle et exhaustive de ce que sont les troubles alimentaires. Il s’agit de pistes de réflexion, d'un point de départ pour mettre en place des stratégies qui aideront les personnes en difficultés pour s'alimenter. Une évaluation auprès d’un professionnel de santé ainsi qu’une documentation approfondie est bien sûre nécessaire.